Mai 68 a fait long feu mais Franky Molitor n’a pas dit son dernier mot. Tantôt dans son atelier accolé au Bateau Lavoir, c’est le bohème montmartrois qui dessine la douce Annette ou bien Pollux, le vieux chien de la reine du Cancan, et Mistoufle, leur petite chatte persane. Tantôt à cheval sur sa chère Harleysienne, une mob recarrossée façon chopper, c’est le détective du dimanche qui donne la chasse aux méchants, aux malfaisants et aux fous. Car, sans faire de l’ombre à Nestor Burma, Franky explore en maître les nouveaux bas-fonds de Paris. Ses manières sont fantasques, certes, mais au final l’anar de chic et choc met le mystère knockout.
Au risque de déchirer le voile qui, tel un linceul opalescent, enveloppe de brume ces aventures fantastico-policières, ne cachons pas que Franky Molitor va croiser, dans la nuit complice de Paris, des personnalités aussi extravagantes que Léo Malet, Jean Rollin ou Norbert Moutier, et des êtres inouïs qui distillent tantôt le bien, tantôt le mal. Ici un prince bulgare de noble apparence, là une dentiste sadique et assassine, ailleurs une nonnette chargée de traire la vache du couvent, plus loin encore un moine libidineux, un inquisiteur défroqué, un illuminé chasseur d’extra-terrestres, un libertin pongiste qui peint des clowns... et un raton laveur. Enfin, sur cet aréopage fabuleux, plane l’ombre immense d’Aristide Bruant, de Toulouse-Lautrec et d’Arthur Rimbaud.