Lorsque ce court roman paraît en 1935, (presque) personne ne se doute que derrière le pseudonyme John Flanders se cache Jean Ray. C’est l’une des facettes surprenantes de ce premier roman de l’auteur, rédigé en néerlandais, à l’ombre de l’abbaye d’Averbode. Il se différencie nettement de la littérature pour jeunes catholiques de l’époque, marquée par une bondieuserie et un paternalisme excessifs. Plus d’un Père blanc aura pâli en lisant ces pages d’un réalisme brutal traitant des conditions épouvantables dans lesquelles des orphelins vécurent dans des « institutions » qui, dans l’Angleterre de l’époque, n’étaient guère différentes des maisons de force. Le travail d’esclave, le sadisme, les tortures, parfois mortelles, s’y pratiquaient librement.
Lors des rééditions successives de ce roman, devenu un livre-culte parmi les jeunes, les responsables de la « Bonne Presse » crurent bon d’adapter et d’épurer le texte, jusqu’à le réécrire, massacrant l’intrigue ainsi que le style et le vocabulaire typiques de l’auteur. C’est malheureusement une version mutilée et écourtée qui a été traduite et proposée en 1986 à NéO qui le publia en toute bonne foi sous le titre Les Feux-follets de Satan.
Vous avez maintenant en main, grâce à l’Amicale Jean Ray et aux Éditions Terre de Brume, la traduction complète et scrupuleuse de la version originale qui vous permettra de découvrir cette œuvre au destin aussi surprenant que son contenu où se mêlent l’Histoire et le fantastique.
Ce texte est suivi de trois autres nouvelles : Les Gamins de Wapping, La Maison des ombres farouches et Les Juges malveillants de Fenwick.
Les nouvelles irlandaises rassemblées ici, diverses, irréductibles à un même modèle, ont en commun de privilégier l’irrationnel. On se souvient que Roger Caillois définissait le fantastique comme « l’irruption de l’inadmissible dans l’inaltérable légalité quotidienne ». C’est bien de cela qu’il s’agit dans ces textes où coexistent, outre les fantasmes personnels, une sourde angoisse engendrée par les métamorphoses du monde contemporain et un recours fréquent au mythe, accompagné d’une valorisation du passé légendaire.
Des pages sépulcrales de Maturin aux rêveries lumineuses de Clotilde Graves, à travers Griffin, Carleton, Banim, Mangan, Le Fanu, Wilde et Stoker, la palette fantastique se montre ici d’une étonnante diversité dans l’évocation du mystère. William Trevor écrit que, mieux que le roman, la nouvelle irlandaise est capable d’« envoûter » le lecteur. S’il en est ainsi, que dire alors de la nouvelle irlandaise fantastique ?
Dévastée par une guerre totale, l’Europe n’est plus.
Sa population, ses villes, sa culture, sa civilisation, tout a été détruit et le continent est retourné à l’état sauvage…
Deux hommes parcourent les paysages de mort et de désolation de cette terre maudite à la recherche d’un noyau de civilisation qui aurait survécu. Mais, partout, ils ne se heurtent qu’à l’horreur, la décadence, la lèpre ou le cannibalisme. Pourtant, suite à la rencontre avec un vieil homme solitaire, l’espoir renaît : il se pourrait qu’il y ait des survivants organisés sur la côte sud de Bretagne. Après un terrible voyage qui les conduit à traverser un Paris en ruines aux mains de bandes d’humains dégénérés, ils découvriront, près de Belle-Île, une communauté organisée de pêcheurs tentant de survivre…
Mais l’arrivée d’un navire venu de l’autre côté de l’océan, du pays des nouveaux « Maîtres du Monde », va faire basculer cette civilisation renaissante.
Le Continent maudit est un livre fondamentalement et définitivement pessimiste ne laissant à l’homme, contrairement à d’autres ouvrages sur le même thème, aucun espoir de rédemption.
En 1876, trois jeunes étudiants, héritiers de nobles et riches familles, décident d’explorer la région des Carpates à cheval, fêtant ainsi la fin de leurs études.
Un soir, ils s’arrêtent dans un petit village dominé par un sombre château en ruine qu’ils s’obstinent à vouloir visiter de nuit, malgré les mises en garde répétées et insistantes de l’aubergiste. Ils y découvrent alors, dans une crypte secrète, la dépouille, somptueusement vêtue et couverte d’inestimables bijoux, d’Élisabeth Báthory, la comtesse de sinistre mémoire.
L’un d’eux, par défi ou par cupidité, arrache au doigt du corps sans vie une lourde chevalière à ses armes. Les conséquences de cet acte seront terribles pour les trois jeunes explorateurs par l’horreur et l’épouvante qu’il engendrera…
Ce roman épistolaire — à l’instar de Dracula — montre comment le terrible Vlad l’Empaleur se réincarnera dans l’un de ses descendants pour devenir le sinistre comte décrit par Jonathan Harker dans le premier chapitre de Dracula.
Une pièce essentielle, présentée comme « l’amont » historique et le fondement du célèbre roman de Bram Stoker, à verser au dossier du Prince des vampires.