Héros ou marionnette…
Il est remarquable de noter que la vie de divers héros de romans de John Flanders subissent les évènements plus qu’ils ne les provoquent. Bien souvent, ce sont les personnages qui gravitent autour d’eux qui sont déterminants dans les aventures qu’ils sont forcés de vivre, malgré eux.
Ainsi, Hilduard, héros de La Malédiction des vieilles demeures se trouve-t-il continuellement balloté entre les péripéties de sa destinée ; de son côté, le lieutenant John Exham, personnage central de Geierstein, présent à Waterloo, réussit la gageure de ne rien voir de la bataille avant d’être la victime de doubles personnalités qui le manipulent à leur gré.
Newman Brooker, protagoniste principal de La Conque rouge, ne fait pas exception. Capitaine déchu, il embarque comme lieutenant sur un vieux cargo transformé en paquebot de croisière où il se trouvera confronté à des personnages qui ont marqué son passé. La « Conque rouge » va finalement déterminer sa vie, s’avérant être un puissant et précieux fétiche. Il lui permettra de survivre à un cyclone meurtrier, à un naufrage et à l’emprisonnement sur une île avant de trouver la fortune, la paix et le bonheur, grâce à la chance et au hasard salutaire d’une rencontre imprévue.
Fascinantes Victoriennes ! Depuis vingt ans, Jacques Finné a rassemblé, en trois volumes, trente superbes histoires surnaturelles rédigées par des auteures émancipées de leur carcan social. En voici treize de plus — une goutte d’eau puisée dans l’océan. Elles offrent à la lectrice, au lecteur, leur lot de revenants, de rêves, de malédictions, de mains vengeresses, d’objets hostiles, de mythologies, païenne ou chrétienne...
Les nouvelles réunies ici montrent combien la notion de ghost story a évolué au point que certains protagonistes mettent en doute la réalité du fantôme qu’ils ont rencontré !
Elles offrent aussi différentes toiles de fond, du Royaume-Uni à l’Italie (comme pour prolonger le courant gothique) en passant par le Tyrol, la Belgique... et même New York — car les Américaines, de leur côté, se débarrassent de plus en plus du carcan de la mère patrie...
Cette nouvelle anthologie consacrée aux Victoriennes s’éloigne certes des courants modernes de la science-fiction ou de la fantasy, mais quels délicieux effluves de nostalgie elle répand !
Les dix-huit nouvelles qui composent ce recueil sont autant de variations sur un même thème : l’après-vie.
Réincarnation et prédestination, vie antérieure et au-delà, fantômes et revenants, transmigration des âmes, karma, sont quelques-uns des thèmes abordés ici par l’auteur.
De la terreur au merveilleux scientifique, en passant par le voyage dans le temps, l’auteur traite dans ce recueil d’un grand nombre de genres présents dans la littérature fantastique en y déposant, pour chacun, une pierre non négligeable à l’écriture toute personnelle.
Encore un ouvrage fondateur oublié des littératures de l’imaginaire…
Gérard Dôle a jadis reçu en héritage de son voisin l’Astronome un portrait photographique inconnu d’Arthur Rimbaud daté « août 1873 ». Ce sympathique vieillard lui apprit ainsi que ses grands-parents, qui habitaient déjà l’immeuble sis au 10 rue de Buci à Saint-Germain-des-Prés, avaient recueilli le jeune ardennais du temps de la Commune. S’appuyant sur les sources les plus fiables, l’auteur, bouleversé par les réminiscences de l’Astronome, émerveillé par la photo oubliée du poète et par celle de sa muse Jeanne-Marie, dont les mains avaient « pâli, merveilleuses, sur le bronze des mitrailleuses, à travers Paris insurgé », nous narre les deux passages de Rimbaud dans la capitale en avril-mai 1871. Son premier séjour, bien que bref, lui permet d’assister au triomphe de l’insurrection communaliste ; son second coïncide avec la fin de la Semaine sanglante, dans la mitraille et les incendies, le forçant à se terrer dans une minuscule chambre sous les toits. Nul ne s’en doutait jusque-là et cela nous permet de découvrir une courte mais décisive tranche de vie de l’homme aux semelles de vent.
Gérard Dôle évoque au passage quelques personnages hors du commun qu’il a rencontré au cours des cinquante années passées à Montmartre et à Saint-Germain-des-Prés. Certains sont illustres tels Jacques Brel, Jean-Paul Sartre, Juliette Gréco et Boris Vian, d’autres obscurs comme José le bon baba qui déclamait Ma Bohème pour séduire ses petites amoureuses ou Jacky Marteau qui jaspinait en argomuche Le Dormeur du val. Mais toutes et tous se greffent avec plus ou moins grande importance au fil rouge du parcours d’Arthur Rimbaud à Paris, lors du tragique printemps de 1871.
Un livre qui se lit comme un roman de Jules Verne.