Tome premier
« Sous l’enveloppe du merveilleux dont elles se revêtent, écrit François Cadic, si les légendes ne cachent pas une vérité, elles offrent un intérêt ou une leçon. Elles sont pour le peuple une distraction agréable et un enchantement de l’esprit ; à sa curiosité innée et son désir de connaître le fin mot des choses, elles donnent une explication de tout. Il s’en dégage d’ordinaire une moralité qui n’est pas toujours de la haute vertu, mais qui n’en reste pas moins saine. Enfin si elles jouent à plaisir de l’imagination et de naïfs et amusants mensonges, il n’est pas rare qu’elles aient pour base une première donnée véridique qui se serait perdue, si elles n’avaient été là pour la recueillir. Le passé, dit-on, ne meurt pas tout à fait ; c’est une loi de l’histoire. La légende le prouve avec évidence. Suppléante en quelque sorte de l’histoire et nourrie des miettes de sa table, elle conserve les vestiges des anciens âges dont celle-ci a perdu le souvenir. »
Auxiliaire naturelle de l’historien — et du prêtre —, la légende occupe donc pour François Cadic une place prépondérante au sein de la littérature orale. Le présent volume en est une belle illustration, réunissant des récits étiologiques, qui s’attachent à fournir une explication quant à l’origine de divers éléments composant notre environnement, des récits édifiants et moralisants qui se veulent autant d’exemples et de leçons, et des récits du temps de la Révolution où la frontière entre histoire et légende n’est déjà plus très franche.
Tome second
Les « légendes », dont la Bretagne apparaît souvent comme l’une des terres d’élection, recouvrent aujourd’hui un ensemble bien hétéroclite qui va de récits formalisés, aux frontières du conte, jusqu’à des récits d’expérience ou de croyance, au caractère parfois très personnel, présentés comme de simples témoignages vécus, tel le riche domaine des intersignes.
Au Moyen-Âge, la légende (du latin legenda, ce qui doit être lu) désigne tout particulièrement la vie du saint du jour et le récit de ses miracles. Si seule la légende de saint Julien pourrait ici rappeler cette origine, les saints sont bien présents dans les récits souvent liés à l’établissement d’une chapelle ou d’une fontaine… Ils ont même parfois, tel saint Cado, laissé leur empreinte visible dans la pierre. Les récits légendaires qui se veulent souvent une réponse aux interrogations, voire aux angoisses de l’existence humaine, nous livrent leur explication du monde qui nous entoure : l’origine des animaux ou des plantes, des rivières ou des montagnes, des mégalithes ou des châteaux. Ils servent aussi parfois de leçon ou d’avertissement pour qui s’aviserait de transgresser les interdits religieux ou à pactiser avec le diable, une fonction moralisante qu’apprécie fort François Cadic.